Plus sous le feu des projecteurs depuis qu’elles ont quitté les Vernets, les distributions alimentaires se poursuivent. Et la demande ne faiblit pas. Depuis le mois de juin et jusqu’en septembre, elles ont été décentralisées dans une demi-douzaine de communes, parmi lesquelles la ville de Genève, Vernier, Lancy ou Thônex. “La semaine dernière, nous avons distribué 5136 colis, grâce auxquels 7734 personnes dans une situation de précarité ont pu être aidées”, dévoile Pierre Philippe, le directeur des Colis du cœur.

C’est bien plus qu’avant la crise liée au coronavirus. Le nombre de bénéficiaires des Colis du cœur oscillait alors autour de 3700. Entre les distributions aux Vernets et l’octroi de bons d’achat, ce sont près de 14’000 personnes qui ont été aidées ce printemps. Mais, à la patinoire, l’aide était inconditionnelle. Depuis juin, l’inscription aux Colis du cœur est un prérequis. De là à en décourager certains? “Il est possible que des personnes renoncent car elles ne veulent pas donner leurs informations”, dit Pierre Philippe. À l’heure de quitter les Vernets, des doutes subsistaient sur ce dispositif “décentralisé”. “Les distributions ont bien pu avoir lieu”, respire le directeur, saluant la “très bonne collaboration avec les communes et le Canton”.

Un “sacré défi”

La part la plus importante du dispositif a été assumée – comme souvent en matière d’urgence sociale – par la Ville de Genève. Près de la moitié du total des colis distribués chaque semaine (2500) l’ont été dans les deux sites municipaux, à savoir les écoles Hugo-de-Senger et Trembley (en fonction du code postal du bénéficiaire), accessibles le mercredi entre 17h et 20h.

À Vernier, ce sont près de 500 colis qui ont été livrés jusqu’à la semaine dernière. “C’était une mobilisation importante pour nous”, souligne le maire verniolan, Martin Staub, en charge du Social. Il a fallu réaffecter des employés municipaux, acheter du matériel et mettre en place dans la hâte tout le dispositif au Centre d’entretien. Vernier a ensuite dû récupérer les distributions assurées pour un temps sur le site du Forum Théâtre Meyrin, la saison culturelle reprenant ses droits.

“On ne va pas pouvoir tenir encore longtemps. On a des employés qui ne peuvent pas faire le travail qu’ils font au quotidien. C’est possible l’été, maintenant c’est plus compliqué”
Martin Staub, maire de Vernier

“On s’épuise un peu, admet l’élu socialiste. Nous avons eu suffisamment de bénévoles, mais avec le retour des activités et de l’école, on ne va pas pouvoir tenir encore longtemps. On a des employés qui ne peuvent pas faire le travail qu’ils font au quotidien. C’est possible l’été, maintenant c’est plus compliqué.”

Un constat partagé à Thônex, où la salle des fêtes a desservi les communes des Trois-Chêne, ainsi que de Puplinge, Presinge, Choulex et Jussy. Un “sacré défi”, dont le conseiller administratif Bruno da Silva tire un “bilan positif”. Ici aussi, les bénévoles ont répondu présent. Des patrouilleuses ont prêté main-forte. Mais le magistrat PDC voit “d’un bon œil” la fin de ce dispositif décentralisé, d’autant que les travaux, interrompus en raison du Covid, vont reprendre à la salle des fêtes – une partie du plafond s’était effondrée l’an dernier.

Quête de lieux

Et maintenant? La deuxième phase, dite intermédiaire après celle de l’urgence ce printemps, s’achève mi-septembre. Le Canton doit tenir une conférence de presse le 14 septembre pour annoncer la suite des opérations. Il “ne communiquera pas avant”, fait savoir Henri Della Casa, porte-parole du Département de la cohésion sociale dirigé par Thierry Apothéloz.
Ce que l’on sait, c’est que les Colis du cœur vont reprendre des mains des communes l’organisation des distributions. “Comme nous le faisions avant la crise”, rappelle Pierre Philippe. Mais au vu de la hausse du nombre de bénéficiaires, il ne sera plus possible de centraliser les distributions sur le site de l’association, rue Blavignac, à Carouge.

Une recherche de lieux compatibles avec la période hivernale a été lancée. Il semblerait qu’une solution soit en passe d’être trouvée pour un dispositif qui comprendrait deux sites en ville de Genève, un sur la rive droite, ainsi qu’un autre sur la rive gauche, en sus du siège des Colis du cœur. L’autre enjeu consistera à réduire le nombre de bénéficiaires, en redirigeant ceux qui y ont droit vers d’autres prestations sociales.

Source: Tribune de Genève (03.09.20)